L'effet Brexit continue d'animer le marché immobilier des quartiers chics de la capitale. Près de 5500 banquiers ont débarqué à Paris ces dernières années, de grandes banques anglo-saxonnes ayant renforcé leur présence dans la capitale française (JPMorgan, Bank Of America, Citi, Goldman Sachs...). Et si le phénomène a ralenti ces derniers mois, il ne s'est pas éteint. Morgan Stanley a annoncé en mai son intention d'atteindre les 500 salariés à Paris en 2025, soit 200 emplois de plus qu'aujourd'hui. En outre, certains banquiers, qui étaient en location depuis leur arrivée à Paris pour voir si le quartier leur convenait, cherchent désormais à acheter. Ces nouveaux venus sont des clients exigeants et au fort pouvoir d'achat. « En général, ils recherchent du beau », synthétise Olivia Castaing à la tête d'une agence Junot du 16e arrondissement, qui vient de vendre à un grand logement familial dans le 16e arrondissement à un Français ayant quitté la City. Un appartement de 270 m2, situé près du siège de l’OCDE, avec tout le charme de l’ancien mais entièrement à refaire. Le tout pour la coquette somme de 3,6 millions d’euros.
Le profil type de ces Français ou étrangers fortunés ? « Souvent des quarantenaires avec enfants et un budget entre 3,5 millions d'euros et 5 millions », indique Charles-Marie Jottras, président du groupe d'immobilier de prestige Daniel Féau. Et malgré le ralentissement global du crédit qui pèse sur les ventes, même dans le haut de gamme, cette clientèle reste solvable. « À ce niveau de prix, on n'a pas de problèmes de financement», poursuit Charles-Marie Jottras.
Écoles internationales
Ces anciens Londoniens recherchent de grands appartements familiaux. De quoi changer un peu la physionomie de certains quartiers. Notamment du 16e arrondissement, où se trouvent de vastes appartements haussmanniens. « Autour de Passy ou d'Auteuil, c'est devenu plus branché, moins classique que par le passé», indique Marie-Hélène Lundgreen à la tête de Belles Demeures de France, autre marque du groupe Daniel Féau. De quoi faire évoluer les prix, aussi. En 2022, le 16e est un des seuls arrondissements parisiens à avoir vu ses prix augmenter (+2%), atteignant 11 050 euros le mètre carré.
La cote du quartier de la Muette, familial et arboré, s'est s'envolée à la sortie du Covid. « Pendant quelques mois, la Muette est même devenue le quartier le plus cher du 16e arrondissement devant les secteurs historiquement plus onéreux, porte Dauphine et Chaillot », se souvient Guillaume de Blay, à la tête d'une agence Barnes, un réseau d'immobilier de luxe dans le 16e arrondissement. « Quand on vit à Londres, on aime la verdure, les parcs, les maisons. C'est ce que l'on retrouve dans le secteur de la Muette, avec en outre, un accès à toutes les bonnes écoles. Cela permet à ces familles de conserver le style de vie qu'elles avaient à Londres», ajoute l'agent immobilier.
Le quartier de La Muette n'est pas le seul à avoir profité du Brexit. Les abords du parc Monceau, grâce à la présence d'une école internationale bilingue, sont très prisés, comme le 8e arrondissement et la proximité des Champs-Élysées. De fait, les banques anglo-saxonnes sont installées dans cet arrondissement. Hors de Paris, des villes comme Neuilly-sur-Seine ou Saint-Germain-en-Laye ont aussi la cote en maison de la présence d'établissements scolaires internationaux. « Ces ménages cherchent les bonnes écoles. Pour eux, c'est un des critères principaux de choix », confirme Marie-Hélène Lundgreen. L'arrivée de 200 nouveaux salariés de Morgan Stanley devrait redonner un coup de fouet aux transactions dans l'Ouest parisien, au ralenti depuis le début de l'année. «Il suffit que 5 % de gens très fortunés arrivent sur le marché et s'empressent d'acheter pour que cela fasse monter les prix», rappelle Guillaume de Blay.
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