Le marché international de l'immobilier résidentiel de luxe, doté notamment de services sur-mesure, qui s'adresse à une cible de millionnaires (HNWI), semble enfin pénétrer la capitale française. La demande est là, à la location comme à l'acquisition : les opérateurs vont-ils y répondre par une offre ad hoc ? Nous sommes allés interroger Eric Donnet, directeur général du groupe Daniel Féau.
Attractivité naturelle de la ville-monde aux 130 musées ou conséquence du Brexit, Paris attire aussi les plus riches. "Nous enregistrons un fort développement de nos activités auprès d'une clientèle internationale, surtout américaine ou moyen-orientale, mais aussi d'origine française, nous a déclaré Eric Donnet, directeur général du Groupe Daniel Féau. Tous ont les mêmes exigences : une situation dans un lieu historique ou une vue exceptionnelle, un appartement aménagé par un décorateur, une offre de service et, non négociable, la climatisation". Conséquence de cette irruption, les prix sont fortement tirés vers le haut. "Pour la location en résidence secondaire, nous pensions que 50 €/m²/mois était un plafond. II est dépassé aujourd'hui avec des appartements à 70 € en moyenne qui peuvent culminer à 100 € pour les petites surfaces. II en est de même pour les ventes : à partir du moment où le propriétaire aura fait l'effort d'investir dans la décoration pour offrir un produit “turn key" (clés en main), les valeurs peuvent s'envoler au-delà des 25 000 €/m² pour atteindre parfois 45 000 € pour les plus beaux. Face à cette demande, les opérateurs n'ont pas attendu pour se lancer dans des projets d'acquisition en bloc d'immeubles en vue d'une revente après travaux. Encore faut-il y mettre le prix car le coût d'un décorateur, travaux et aménagements confondus, est de 6 à 7 000 € TTC/m², ce qui implique que le projet cumule la décote à l'acquisition entre bloc et découpe et la plus-value créée par la valorisation de l'actif. Ces opérations entraînent une offre de services comparable aux standards des grandes métropole : conciergerie, salle de sport voire restauration. “Le modèle des résidences haut de gamme, développées par de grandes chaînes en marge de complexes hôteliers, avec mutualisation des services, est dans l'esprit des acquéreurs. A Paris, l'offre est celle d'immeubles valorisés puis revendus en copropriété. Les investisseurs opérateurs, compte tenu de la nouvelle réglementation sur l'offre para-hôtelière, restent cependant méfiants, craignant que, à trop cumuler les services, leurs actifs ne soient requalifiés en tertiaire. C'est la limite de l'exercice".
Les grands projets sur des immeubles enfiers sont encore peu nombreux comparés aux autres grandes métropoles. En revanche, l'offre locative et à la vente en diffus se multiplie. "Les appartements proposés en copropriété souffrent du manque de service.La clientèle internationale ne veut pas de prestations mutualisées sur des plateformes numériques : il leur faut un concierge implanté in situ, un vrai accueil dans un lobby, comme dans les autres capitales internationales", conclut Eric Donnet.
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