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Portrait - Saskia de Rothschild, l’avenir de Château Lafite

Saskia de Rothschild

L’avenir de Château Lafite

 

La fille du baron Éric de Rothschild assure depuis deux ans la gérance du célèbre domaine et revient dans un très beau livre sur cent cinquante ans de millésimes. Un ouvrage de référence, parsemé d’anecdotes, qui se déguste. Par Éric Jansen

Le livre a la forme d’un almanach, mais un almanach un peu spécial. Si chaque année a ses indications météorologiques, la chronologie est tournée v ers le passé. Tout commence en 1868, date à laquelle le baron James de Rothschild se porte acquéreur de Château Lafite, déjà classé premier cru parmi les vins de Bordeaux. Malheureusement il s’éteint quelques mois plus tard, mais la récolte sera formidable et produira un vin d’exception qui a encore un goût extraordinaire. « Pour les 150 ans, nous en avons ouvert une bouteille, commente Saskia de Rothschild avec un sourire gourmand. En bouche, il s’est mis à danser. » Après deux ans de cogérance, la fille du baron Éric a pris sa suite en 2018, incarnant la 6e génération de Rothschild à la tête du légendaire vignoble. Les fils du baron James lui avaient succédé, puis ce fut le baron Édouard, et après la Seconde Guerre mondiale, le baron Élie, artisan de la renaissance de Château Lafite, saccagé par l’occupant allemand. Le baron Éric prendra le relais en 1974 et continuera à développer techniquement et commercialement la réputation du domaine.

Le chai a été dessiné par Ricardo Bofill en 1987. Dans les caves dorment encore des bouteilles de 1868, date de l’achat du domaine par le baron James de Rothschild.

 

Château Lafite s’étend aujourd’hui sur 112 hectares. Le domaine est exploité par la 6e génération de Rothschild.

 

Une responsabilité qui échoit aujourd’hui à Saskia, 33 ans. Si la jeune femme avait commencé une carrière dans le journalisme, elle n’avait jamais complètement écarté cette éventualité : « C’était là, dans un coin de ma tête, pas vraiment formulé. » Aussi quand son père lui demande si elle souhaite s’investir plus, elle n’hésite pas longtemps. « Je venais tous les ans pour les assemblages. C’est un univers que je connais bien. J’ai tout de même suivi des cours pour avoir mon brevet de technicien supérieur agricole en viticulture-oenologie, afin de me sentir légitime. » Parallèlement, Saskia a cette idée d’almanach pour raconter 150 ans de vendanges. La météo y figure, mais aussi les appréciations pour chaque millésime, ce qui est d’une grande honnêteté car tous n’ont pas été mémorables… « Celui de 1968 est à oublier, par exemple, à cause du temps qu’il a fait cette année-là. C’est important de comprendre que nous avons au fond peu de contrôle sur les choses. 80 % de la qualité d’un vin sont déterminés par le terroir et le climat, l’action humaine n’intervient que pour 20 %. » Toutefois, cette main de l’homme est aussi bien présente dans le livre, hommage à ces passionnés, vendangeurs et maîtres de chai, qui sont l’âme d’un domaine. Certains ont été immortalisés par Robert Doisneau ou Richard Avedon car Éric de Rothschild invitait chaque année un photographe et lui donnait carte blanche. Et c’est avec ces hommes et ces femmes que Saskia se projette dans l’avenir. Mode de production plus en phase avec l’agriculture biologique et réchauffement climatique seront les défis de demain. « Mon ère sera celle de la protection. »

Almanach Château Lafite, par Saskia de Rothschild, Flammarion, 620 pages, 150 euros

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